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Quantum

Être bloggeur et parler de sa vie c’est réussir à accepter deux choses opposées simultanément. Du moins pour moi.

 

Alors soyons clair, je parle du blogging qui parle de soi, évidemment quand on ne fait que de la review de films/mode/livres/musique, on est moins impliqué en temps qu’être humain dans le blog qu’en tant que machine à décrire et noter.

 

Le premier truc à accepter c’est qu’on va être lu. Peut-être qu’on l’est pas pour l’instant mais il faut garder en tête la possibilité qu’un jour on puisse être lu par quelqu’un. N’importe qui. Un blog étant sur Internet, il est forcément accessible à quasi-n’importe quel moment par à peu près n’importe qui. Et oui, quel intérêt sinon de faire un blog ? Ça s’appellerait un journal intime s’il n’était pas à la vue de tous. C’est aussi le fait de savoir qu’on peut être lu qui pousse à rédiger des articles, pression sociale, tout ça, parce qu’un être humain avant toute chose est une feignasse de première et ne nous leurrons pas, si on a pas de raison qui nous pousse à faire quelque chose, on le fait pas. Ou alors c’est que vous avez une volonté de fer et que vous vous faites violence.

Donc être lu est le moteur et le but du blog, il faut donc bien partir avec ça comme postulat de départ.

 

Et d’un autre côté il faut se mettre en tête qu’on ne sera pas lu.

Je vous avais prévenu que c’était deux choses totalement opposées.

Alors certes, ça peut sembler paradoxal au premier abord, mais je vais développer : À partir du moment où tu racontes des trucs personnels ou donne des avis, que tu’engages un peu dans tes articles, tu prends le risque que des gens que tu connais te lisent alors que tu n’aurais pas forcément voulu leur dire ce que tu racontes dans tes articles. Comme le mec qui ferait un blog sur ses conquêtes de soirées kifferait moyen que sa femme tombe dessus. Mais même en dehors des gens qu’on connaît déjà, qu’est-ce qui empêcherait de rencontrer un de nos lecteurs dans le futur ? Écrire un blog c’est donner une longueur d’avance sur son lecteur. Il sait comment tu t’exprimes, il sait des trucs sur toi, il devine ta façon de penser, en somme il part avec un avantage indéniable sur toi qui ne sait absolument rien de lui.

On finit donc par se limiter, ne pas trop révéler de sa vie, de ses pensées, de ses sentiments, parce qu’on sait pas qui peut rôder dans le coin. Au final on en dit de moins en moins et on finit par se taire et laisser le blog à l’abandon avec son peu d’articles ce qui est à peu près le maximum qu’on puisse faire en contre-productivité.  C’est donc pour ça qu’il faut partir du principe qu’on sera pas lu.

C’est aussi à ça que sert l’identité numérique, le pseudo. Parce que même si tout le monde sait qui se cache derrière, ça reste un semblant de barrière, une symbolique. On est pas vraiment soi quand on écrit sous un pseudo, et donc on est pas vraiment rattachables à nos écrits. Ça nous aide à faire sauter en partie l’appréhension qu’on a à raconter sa vie et donc ça nous permet de continuer à rédiger les articles que le fait d’être lu nous pousse à écrire.

 

Paradoxal mais compréhensible. Le cerveau humain a l’air plutôt doué pour nous permettre d’accepter deux choses apparemment contradictoire et en faire un tout logique et cohérent j’ai l’impression. C’est Pratchett qui serait fier.

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